Ce texte m’a frappé par son écriture intense, futuriste, symbolique
J’ai sous-titré : The Word Finder
Je recommande fortement la lecture
Texte en français
Ce texte est une nouvelle de Zébulie Berger
Ce n’était plus qu’hordes de perdus, errants sur les chemins de la cité détruite. A la recherche d’une pitance qui aurait pu leur donner l’énergie de vivre un autre jour, une autre heure, une minute de plus. Ils se groupaient le soir autour des anciennes pyramides de Vuriop, s’agglutinant en amas d’humains mordus par le froid. Ils grognaient, grommelaient, n’avaient plus de langages intelligibles.
A l’autre bout de la plaine des Anciens où poussaient encore par miracle les herbes chargées de grains, on tentait de résister. On écrivait sur des pierres les mots que l’on ne voulait pas perdre. C’était le travail de la cherche-mots d’arpenter les territoires et d’écouter, écouter encore. Et puis, tenter de comprendre chacun, pour reconstruire une langue sans laquelle la sauvagerie gagnerait la partie. Architecte patiente d’un dictionnaire à venir, elle posait les mots sur le sol, qui serait le coffre des mots sauvés de l’oubli. Elle s’entrainait à parler fort, faisant claquer sa langue contre ses lèvres et les mots résonnaient dans un ciel orange chargé de poussières.
Elle avait à ses côtés une petite fille à qui elle apprenait à écouter, à répéter, à retenir. Elle pensait à l’avenir, au lendemain, à l’heure d’après quand tout poussait à ne respirer que l’instant. La petite apprenait vite, elle traçait de ses petits doigts les signes sur les pierres. Sa voix cristalline illuminait les visages crasseux des barbares en devenir. Au fil du temps, des phrases furent possibles. Et puis, un jour, elles retrouvèrent des mots d’amour, des mots tendres dans la bouche d’une vieille folle qui chantait doucement en berçant une buche de bois. Elles restèrent à l’écouter auprès d’un feu de plastiques noirs, suffocant, bouleversées par l’alliance des mots et la douceur du regard, par l’infinie délicatesse des doigts fins caressant l’écorce de bois mort.
Testo in italiano
Mi ha colpita questo testo per la scrittura intensa, avveneristica, simbolica
l’ho Sottotitolata: Il cercatore di parole
Consiglio vivamente la lettura
Questo testo è un racconto di Zébulie Berger
Questo mondo, questo mondo…
Non era altro che orde di perduti, che vagavano per i sentieri della città distrutta. Alla ricerca di una miseria che avrebbe potuto dare loro l’energia per vivere un altro giorno, un’altra ora, un altro minuto. Si radunarono la sera intorno alle antiche piramidi di Vuriop, raggruppandosi in masse di umani morsi dal freddo. Gemevano, borbottavano, non avevano più lingue intelligibili.
All’altra estremità della pianura degli Antichi, dove ancora cresceva miracolosamente l’erba carica di grano, si cercava di resistere. Abbiamo scritto sui sassi le parole che non volevamo perdere. Era compito del cercatore di parole sondare i territori e ascoltare, riascoltare. E poi, cercando di capire tutti, di ricostruire un linguaggio senza il quale la ferocia vincerebbe la partita. Paziente architetto di un dizionario a venire, ha messo a terra le parole, che sarebbero state lo scrigno delle parole salvate dall’oblio. Si esercitava a parlare ad alta voce, schioccando la lingua contro le labbra e le parole echeggiavano in un cielo arancione carico di polvere.
Aveva al suo fianco una bambina alla quale insegnava ad ascoltare, a ripetere, a ricordare. Stava pensando al futuro, il giorno dopo, l’ora dopo quando tutto la spingeva a respirare solo per il momento. La piccola ha imparato in fretta, ha tracciato i segni sui sassi con le sue piccole dita. La sua voce cristallina illuminò i volti sudici di aspiranti barbari. Col tempo, le sentenze erano possibili. E poi, un giorno, trovarono parole d’amore, tenere parole nella bocca di una vecchia pazza che cantava piano mentre dondolava un ceppo di legno. Rimasero ad ascoltarlo vicino a un soffocante fuoco di plastica nera, travolti dall’accostamento delle parole e dalla morbidezza dello sguardo, dall’infinita delicatezza delle esili dita che accarezzavano la corteccia del legno morto.