Prudence, ma petite Prudence.
20 jolis printemps.
Presqu’une fille adoptive.
Courageuse, lumineuse, bosseuse, rieuse.
Des yeux noisette à croquer.
20 jolis printemps.
Presqu’une fille adoptive.
Courageuse, lumineuse, bosseuse, rieuse.
Des yeux noisette à croquer.
Travaille en EPHAD, soins aux personnes âgées.
Vient de passer me voir, me demandant une nouvelle fois de vivre avec moi.
Préserver son père, sous dialyse.
Et puis, inquiète. Une collègue qui a le COVID19, hospitalisée. La direction n’a rien dit à son personnel. A dit que le droit de retrait, c’est uniquement quand on a des enfants.
Qu’elle n’a qu’un masque par jour.
Qu’elle fait double journée. Malgré des douleurs qui la font consommer du tramadol quotidiennement.
Qu’elles ne sont plus que 3 pour 40 résidents, qui ne sont pas confinés entre eux, qui ne sont pas soignés. On sait… On sait que c’est inutile.
Qu’elle pense arrêter parce qu’elle est épuisée mais il n’y aura le mois prochain qu’un seul salaire à rentrer, tout s’arrête, tout se tend.
Elle voit le désastre sous les yeux.
Elle a peur.
En 10 jours, elle a pris 10 ans.
Prudence, ma petite Prudence.
20 jolis printemps.
Sa voie joyeuse est devenue lente, elle cherche ses mots.
Elle pleure. Elle pleure et je ne peux la serrer dans mes bras.
Elle pleure et elle me dit qu’elle veut vivre, qu’elle veut travailler, ne pas abandonner. Mais qu’elle ne peut pas tenir. Elle ne peut plus.
Elle me demande de l’accueillir mais je ne peux pas.
J’ai peur. Je me sens gagnée par une peur immense.
Un truc qui fout un coup de pied au cul à ton humanité.
Qui te fait dire des choses dures où tu voudrais en dire de si tendres. Un truc qui te fait de la distance au lieu d’étreindre.
Qui te fait dire non parce que tu as des enfants. Que tu commences à te dire qu’il va falloir tenir. Prévoir le pire, même si dans tes tripes, tu crèves de vouloir vivre, de l’accueillir, de croiser son regard, de la voir, belle jeune femme, vivre et s’amuser.
Vient de passer me voir, me demandant une nouvelle fois de vivre avec moi.
Préserver son père, sous dialyse.
Et puis, inquiète. Une collègue qui a le COVID19, hospitalisée. La direction n’a rien dit à son personnel. A dit que le droit de retrait, c’est uniquement quand on a des enfants.
Qu’elle n’a qu’un masque par jour.
Qu’elle fait double journée. Malgré des douleurs qui la font consommer du tramadol quotidiennement.
Qu’elles ne sont plus que 3 pour 40 résidents, qui ne sont pas confinés entre eux, qui ne sont pas soignés. On sait… On sait que c’est inutile.
Qu’elle pense arrêter parce qu’elle est épuisée mais il n’y aura le mois prochain qu’un seul salaire à rentrer, tout s’arrête, tout se tend.
Elle voit le désastre sous les yeux.
Elle a peur.
En 10 jours, elle a pris 10 ans.
Prudence, ma petite Prudence.
20 jolis printemps.
Sa voie joyeuse est devenue lente, elle cherche ses mots.
Elle pleure. Elle pleure et je ne peux la serrer dans mes bras.
Elle pleure et elle me dit qu’elle veut vivre, qu’elle veut travailler, ne pas abandonner. Mais qu’elle ne peut pas tenir. Elle ne peut plus.
Elle me demande de l’accueillir mais je ne peux pas.
J’ai peur. Je me sens gagnée par une peur immense.
Un truc qui fout un coup de pied au cul à ton humanité.
Qui te fait dire des choses dures où tu voudrais en dire de si tendres. Un truc qui te fait de la distance au lieu d’étreindre.
Qui te fait dire non parce que tu as des enfants. Que tu commences à te dire qu’il va falloir tenir. Prévoir le pire, même si dans tes tripes, tu crèves de vouloir vivre, de l’accueillir, de croiser son regard, de la voir, belle jeune femme, vivre et s’amuser.
Prudence, ton prénom me faisait rire, je le trouvais vieillot.
Ta mère finalement en te le donnant t’adressait un message.
Je ne peux faire mieux qu’elle, disparue il y a 5 ans.
Ta mère finalement en te le donnant t’adressait un message.
Je ne peux faire mieux qu’elle, disparue il y a 5 ans.
Prudence, ma douce Prudence.
Tu m’as serrée dans tes bras bien des fois et je ne peux te rendre la pareille, au moment où tu en as le plus besoin.
Notre chanson, Sodade, de Cesaria Evora, dansée si souvent, dans un slow où nous riions. Nous riions Prudence, c’était bon. C’était tendre.
Je suis triste de voir que la douceur de ce beau printemps cache une épée dure dans ton coeur.
Prudence, ma douce Prudence.
Puissent ces temps revenir, et notre danse reprendre.
Tu m’as serrée dans tes bras bien des fois et je ne peux te rendre la pareille, au moment où tu en as le plus besoin.
Notre chanson, Sodade, de Cesaria Evora, dansée si souvent, dans un slow où nous riions. Nous riions Prudence, c’était bon. C’était tendre.
Je suis triste de voir que la douceur de ce beau printemps cache une épée dure dans ton coeur.
Prudence, ma douce Prudence.
Puissent ces temps revenir, et notre danse reprendre.
Zébulie Berger